À partir du 30 avril, Emmanuel Gilbert présente « Avant les nuages » à la galerie Rastoll. Le vernissage, en présence de l’artiste, aura lieu le jeudi 2 mai à partir de 19h.
Interview d’Emmanuel Gilbert par François Rastoll.
De quel sujet traitez-vous dans votre série « Avant les nuages » ?
Il s’agit d’un cheminement dans la montagne, de la vallée à la haute montagne.
Ma perception d’une certaine montagne, belle mais aussi hostile pour qui ne fait pas attention à ce qui l’entoure.
Partir de la vallée permet de mesurer l’altitude et le chemin parcouru, de confronter deux environnements, deux univers radicalement différents mais très liés.
Cette série se compose d’une nature sauvage mais vous avez aussi fait le lien avec l’humain. Pourquoi ?
Quel que soit l’endroit où l’on se trouve, l’humain est présent. On ne peut pas l’ignorer et on ne peut que difficilement éviter ses traces (sous nos latitudes tout du moins). Certaines de ces traces sont belles, d’autres moins. Quelques-unes embellissent la montagne ou la protègent alors que d’autres l’abîment et la menacent.
J’ai volontairement voulu montrer des signes de l’intervention humaine qui soient à l’abandon, pour signifier que le plus important n’est pas l’homme, mais ce qui l’entoure et que seule perdurera la Nature. Le Calvaire fait partie de cette réflexion sur la temporalité. L’homme n’est que de passage et l’immortalité ne lui appartient pas, elle appartient au milieu dans lequel il évolue.
La tonalité générale de votre série est assez froide. Pourquoi ce choix colorimétrique ?
L’hiver me parle davantage et le champ des nuances m’apparaît plus riche qu’un ciel bleu ou des verts estivaux. Les couleurs froides que j’ai choisies sont en accord avec cette saison et l’esprit que je voulais donner à cette série.
Ce choix dans la tonalité m’est venu de mon envie de renforcer le caractère dramatique et froid des endroits où je me trouvais. Donner de la matière, de l’épaisseur, même dans les nuages. Des tonalités froides faisaient mieux ressortir la dureté de la roche ou la présence d’orages menaçants. Cela donne également quelque chose d’atmosphérique.
C’était aussi une idée de romantiser la montagne, la roche, les aléas climatiques comme on peut le trouver chez certains peintres.
Vos précédents travaux nous montrent une face plus abstraite de la photographie. Qu’est-ce qui vous a donné envie de passer à quelque chose de plus figuratif ?
L’abstraction est apparue comme une approche plus compliquée avec le spectateur. Elle le laisse davantage à distance.
J’ai voulu créer une réaction chez lui et il me semblait qu’une vision avec un parti pris certain du traitement photographique de ces paysages pouvait être propice à cela.
J’avais également envie de traiter le paysage comme un tableau et, en ce sens, de créer une composition dans laquelle je pouvais intervenir davantage et de façon plus perceptible que dans l’abstraction. Créer parfois une dimension théâtrale.
Les tirages ont été réalisés par Art Photo Lab.
Actualités de l’exposition à suivre sur la page Facebook de la galerie.
© Interview et illustrations : François Rastoll